"Le Chocolat"
Par K le mercredi, avril 30 2008, 07:33 - Dégustations en chocolat ! - Lien permanent
Grâce à Véronique qui me l'a suggéré, j'ai vu le film "Le Chocolat".
Je l'ai apprécié, que dis-je, dévoré, et aimerais partager cette découverte avec vous.
"Le Chocolat" est un film britannico-américain de Lasse Hallström sorti en 2000, avec Johnny Depp et Juliette Binoche.
En savoir plus ici :
Ce fim est tiré du livre "Chocolat" de Joanne Harris, publié en 1999 aux éditions Quai Voltaire. En voici le résumé :
Lansquenet-sur-Tannes, à quelques encablures d'Agen est un village tranquille, très tranquille. Trop tranquille ? Empesé en tout cas dans ses convenances et ses habitudes un rien bigotes.. Entre deux commérages, Vianne Rocher déboule et ouvre une confiserie "La Céleste Praline" (dans le film, "La chocolaterie Maya"). Certains y voient la main du diable. La gourmandise établit ainsi ses quartiers en plein bourg, ce qui ne va pas sans faire jaser les uns et les autres...
Et un extrait du livre à déguster sans plus attendre :
"...Je n'utilise que le meilleur. Les blocs de chocolat de couverture sont légèrement plus gros que des briques de maçonnerie, une caisse de chaque par livraison, et je me sers de trois variétés : noir, au lait et blanc. Il faut le tempérer pour le porter à un état cristallin, et lui assurer ainsi une surface dure et croquante alliée à un beau brillant. Certains confiseurs achètent leur chocolat déjà trempé, mais j'aime effectuer cette opération moi-même. Il y a une fascination inépuisable à manipuler les blocs ternes de couverture brute, à les râper à la main -je ne me sers jamais d'appareils électriques- dans les grands poêlons en céramique, puis à faire fondre le chocolat, à remuer le mélange, à surveiller assidûment chaque étape avec le thermomètre à sucre jusqu'à ce que le mélange ait été exposé exactement à la quantité de chaleur nécessaire pour que s'effectue la transformation.
Il y a une sorte d'alchimie dans la transmutation du chocolat brut en ce magnifique substitut d'or, une magie profane que même ma mère aurait pu apprécier. Alors que je travaille, respirant profondément, je me remets les idées au clair. Les fenêtres sont ouvertes, et le courant d'air qui passe serait froid s'il n'y avait la chaleur des fourneaux, les casseroles en cuivre, la vapeur qui s'élève du mélange en train de fondre. Les senteurs mêlées du chocolat, de la vanille, du cuivre chauffé et de la cannelle sont enivrantes, puissamment suggestives ; l'âcre odeur terreuse des Amériques, le brûlant parfum résineux de la forêt tropicale. C'est ainsi que je voyage à présent, comme les Aztèques dans leurs rituels sacrés. Le Mexique, le Venezuela, la Colombie. La cour de Montezuma. Cortès et Colomb. Le nectar des dieux, bouillonnant et moussant dans des coupes cérémonielles. L'âpre élixir de la vie.
Peut-être est-ce ce que perçoit Reynaud dans ma petite boutique : quelque chose qui remonte aux temps où le monde était un lieu plus vaste et plus sauvage. Avant Jésus-Christ - avant la naissance d'Adonis à Bethléem ou le sacrifice d'Osiris à Pâques-, la graine de cacao était vénérée. Des propriétés magiques lui étaient attribuées. Sa décoction était dégustée sur les marches des temples sacrificiels ; les extases qu'elle provoquait étaient violentes et effroyables. Est-ce là ce qu'il redoute ? La corruption par le plaisir, la subtile transsubstantiation de la chair en un vaisseau de débauche ? Pas pour lui, les orgies de la prêtrise aztèque. Et pourtant, dans les vapeurs du chocolat en train de fondre, quelque chose commence à prendre corps -une vision, aurait dit ma mère- comme un doigt de fumée qui pointe... qui pointe..."